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Etude Et vie

8 avril 2010

26eme Paracha: CHEMINI

La paracha se déroule le 8e (Chémini) jour de la dédicace du sanctuaire. C'est un grand jour, celui de la dédicace d'une maison et de celle de Hachém dans son peuple (voyez le psaume 30 ; I Rois ch. 8 ; et Dévarim 20, 5).
C'est ce jour qui est décrit en Chémote 40, 2 et 17 (lire) comme un jour suprême bénéficiant de 10 distinctions décrites dans le Traité Chabbate 87 b : premier jour de la Création, des offrandes des chefs des tribus, du début du service des Cohanim, du service divin, de la descente du feu sur l'autel depuis le Ciel, de la participation des Cohanim au repas des sacrifices, de la manifestation de la présence divine, de la réception de la bénédiction par les enfants d'Israël, de l'interdiction des autres autels, et le premier jour du premier mois.
Chaque individu a vécu un peu cette expérience d'un premier jour de bonheur, d'amour, d'une naissance, l'entrée dans un travail, dans une maison, sur la terre d'Israël. Que cela nous rende sensible à ce jour particulier dont il va nous être parlé pour notre enseignement.

Sens global de la paracha
à travers les thèmes principaux et les mitsvotes

La paracha Chémini continue à mettre en oeuvre la restauration de l’univers et des humains à travers l'ordonnancement de la vie du Temple.  C'est bien notre préoccupation à tous, à l'époque que nous traversons où les peuples veulent réorganiser le monde pour ce qu'ils croyent être le bien (hier les bienfaits de la "civilisation occidentale" par le colonialisme, puis le communisme, puis l'existentialisme, puis le tiers-mondisme, pour aujourd'hui le mondialisme, puis l'islamisme, etc.) et toujours par un moyen: la dd*omination, l'intolérance, la cruauté des armes et de l'extermination économique. La Torah assume ce besoin de l'homme d'atteindre "le grand soir" (le Zohar en parle de ce mythe pour en déjouer l'illusion) et parvenir, au delà de la semaine, au 8e jour du bonheur absolu. Le judaïsme a sa réponse aussi, mais non pas par la force des armées. Mais il s'agira bien, cependant, d'assumer nos pulsions sanguinaires car elles existent chez tous les humains sans exception.

Pour cela, la paracha comporte les mitsvotes 150 à 166 qui concernent la réglementation des Cohanim dans le sanctuaire : nous savons que le Cohen, parmi les Juifs, est
le prototype de l'homme rénové; celui qui meut le service désintéressé de la rénovation du monde dans l'ordre bénéfique de la bénédiction ; 
Ainsi est, à son image, le peuple juif au milieu des nations, comme une lumière et comme un Cohen.
Que le Ciel nous rende vite ce lieu et sa fonction, comme Il nous l'a promis, pour le bonheur d'Israël et de toutes les nations.

Justement avec tout cela, et ce n'est pas un hasard, cette paracha-ci est le centre des mots de la Torah. Ce qui est encore plus merveilleux, c'est que ce centre des mots se situe entre deux mots identiques, au verset 10, 16 : daroche / darache.

Chacun de ces mots indique l'étude, étude vers la droite et étude vers la gauche : Moché étudia/il étudia. Ce mot veut dire aussi exiger. Effectivement, l'exigence impulsive et impétueuse est ce qui caractérise les humains et ils poursuivent l'objet de leur pulsion jusqu'à tuer l'autre sans hésitation, pour atteindre cela. Cela est le fait le plus constant sur la planète. Le judaïsme saisit cette pulsion et l'investit dans l'étude mais non pas dans la mort de l'autre.


Cet enseignement de la Torah dans notre paracha n'est pas seulement dans le niveau des symboles abstraits, mais il passe par le concret qui est une réalité motrice. Ainsi, les prescriptions à mettre en oeuvre portent sur la chevelure des Cohanim, leurs vêtements, les périodes où ils peuvent entrer dans le Sanctuaire et dans quel état corporel, ainsi que sur le déroulement de la cérémonie des sacrifices. 
Ensuite, dans cette ligne, sont données les prescriptions alimentaires pour tous les Juifs, la liste des animaux que l'on peut ou non consommer en raison de la pureté ou de l'impureté : 
- bestiaux, poissons et animaux marins, oiseaux, contact avec des reptiles et autres bêtes rampantes,
- impureté due à des imperfections des animaux consommables,
- impureté due au contact d'animaux impurs ou des carcasses d'animaux morts en dehors du rite prescrit pour leur abattage. 

La paracha décrit également la mort des enfants d'Aaron. 
Tous ces thèmes sont unifiés dans la parole de Moché  à Aharone : "c'est là ce qu'avait déclaré Hachém en disant : Je veux être sanctifié par ceux qui m'approchent (10, 3).

Il faut absolument lire ici la paracha avant de continuer.

Difficulté, pour nous, de comprendre
Pourquoi la gestion de ces pulsions si importantes de l'idéal deviennent-t'elles destructrices chez l'homme et pourquoi le remède proposé par la Torah consiste-t'il dans ces rites du Sanctuaire. Soyons patients dans l'avancée. Ne nous étonnons pas de ne pas comprendre le sens global ni le sens des détails de tout cela qui se déroulait dans le Sanctuaire, en particulier la répartition entre catégories d'animaux purs et cachers ou non! Les commentateurs nous montrent que Moché lui-même ne comprenait pas toutes ces prescriptions. 
Nous allons nous attarder sur cette difficulté de Moché. Ce qu’il éprouvait contraste d'abord avec ceux qui, rationnellement, pensent trouver avec facilité des interprétations à tout texte de la Torah en bâtissant des théories psychologiques, historiques, médicales, sociologiques ou politiques sur chaque dimension.  C’est un fait que les moins intelligents comprennent toujours tout, sont sûrs d'eux-mêmes et tranchent de tout car ils ne perçoivent pas les différentes composantes complexes qui sont incluses dans chaque point. 

La difficulté de comprendre, chez nos Sages
Au contraire, les plus grands Sages comme Ribbi Chimeône bar Yo'haï disent toujours qu'ils ne parviennent à toucher que quelques étincelles de la lumière de la Torah, particulièrement en ces domaines du livre de Vayiqra. Ils emploient toujours des formules prudentes comme "il est possible, éfchar", ou comme "il me semble selon la pauvreté de mon entendement, que... niré léfi ânioute déâti ché...". Il importe donc, a fortiori, de prendre notre propre mesure sans en être déprimés!

Même après tous les niveaux d'explications des qorbanotes (sacrifices) que nous avons rencontrés dans la paracha Tsav, et qui sont chacun exacts et reçoivent une longue démonstration dans les textes, il reste le fait que, lui, Moché ne comprenait pas. Alors, nous! Le Traité 'Houline page 42 nous dit que Haqqaddoche baroukh Hou a pris chaque espèce animale et l’a montrée à Moché qui vit et comprit alors la dynamique de chaque chose qui existe ici-bas, en particulier comment la consommation d'animaux interdits altérait la circulation de la bénédiction qui se fait dans le monde. A son tour, Moché fit la même chose pour le peuple : il prit chaque espèce animale, la lui montra avec précision, et lui dit qu’il pouvait manger de celle-ci et non de celle-là (11, 2).

Il y a d'autres sujets que Moché lui-même, dans son intelligence suprême et si proche qu’il était du divin, ne parvenait pas à comprendre, comme nous le dit le Traité Ména’hote 29 a. Qque ceux qui lisent l'hébreu et l'araméen aillent voir ces textes. Il en existe aussi une traduction en français (Aggadoth du Talmud de Babylone, chez Verdier). Il s’agissait également de la construction du chandelier, de la détermination du premier jour du mois (et cela concerne éminemment le rapport à la femme), de l’impureté des reptiles par rapport à la qéddoucha. A chaque fois, il lui a été dit avec précision ce qu'il fallait faire et pourquoi (lire Chémote 12, 2 et 29, 38 ; Vayiqra 11, 2). Combien alors il est surprenant de voir des simples humains jongler dans des conférences en prétendant exposer avec brio les secrets de tout cela. 

La ânava (humilité, modestie, crainte)
Pour nous aider à nous mettre dans leur attitude de ânava qui correspond à notre position réelle face au Créateur, la Torah et le Talmud nous éduquent encore davantage sur ce point :
- la Torah ouvre le passage sur les animaux permis et interdits par la phrase au pluriel dabberou el bnei Yisrael ("parlez aux fils d’Israel") et Rachi nous explique le sens de ce pluriel. Il dit que Aharone et ses fils Elâzar et Itamar ont été rendus dignes de recevoir et d’enseigner la Torah au peuple à égalité avec Moché pour trois motifs : 
- ils ont été égaux dans la qualité du silence lors de la mort des deux autres fils, leurs frères,
- ils ont tous également accepté le verdict divin, 
- ils l’ont fait en attitude d'amour

Le Talmud (Ména’hote, 29 b) nous montre encore que Moché ne comprenait pas non plus l’importance de nombreux détails: quand il vit Haqqaddoche baroukh Hou bâtir des ornements au dessus des lettres (les taguim ou ces petites ornementations au dessus des lettres dans le manuscrit du rouleau de la Torah)

- il lui dit “Maître du monde, est-ce bien utile de s’attarder à de telles choses”?
- Il lui répondit : "viendra un homme, Ribbi Aqiva, qui tirera des enseignements de chacun de ces plus petits signes".
- Moché reprit : "Si c’est ainsi, c’est à lui et non à moi que tu devais remettre la Torah".
- Haqqaddoche baroukh Hou lui répondit : "chétoq, tais-toi".
- Moché insista : "S’il est ainsi dans l’enseignement, montre-moi aussi la récompense qu’il recevra".
Et il lui montra (ce qui n’est pas étranger au sujet des sacrifices) que le corps de Ribbi Aqiva serait dépecé et vendu sur le marché.
- Moché s’indigna et dit "zo Torah vé zo sarkha, c’est cela la Torah! et c’est cela sa récompense !"
- Haqqaddoche baroukh Hou
lui dit encore : "chetoq, tais-toi, c’est ainsi que cela est devant ma pensée". 
Vous le voyez, la Torah va très loin dans la réflexion, par l'intermédiaire des histoires du middrache, pour aller au fond du problème.

Les limites à notre raisonnement
L'enseignement de ce récit est de nous faire comprendre qu'il est des limites à notre raisonnement, des incapacités même et, dans les questions les plus profondes, il serait facile mais léger de bâtir ou de s'offusquer ; ce serait simplement le signe que nous n'avons ni perçu ni compris les véritables dynamiques et les composantes du problème, et que nous le posons mal.
C'est le motif pour lequel nous a été donné tout le livre de Job : plus de quarante chapitres de malheurs, de discussions oiseuses ou trop intelligentes qui n’emportent jamais la conviction jusqu’à ce que Hachém éclaire Job sur la grandeur de ce qu’Il fait et que l’homme ne peut pas saisir : en cinq versets du chapitre 42, Job parvient à trouver la position judicieuse et exacte et l’histoire se termine au mieux ; il faut relire en ce sens les chapitres 38 à 42 du Livre de Job.

Le commentaire de Rachi
On peut alors revenir à la lecture des commentaires de Rachi sur le verset 11, 2 :
- "zote ha’haya, c’est celle-ci la bête"... Nous pouvons maintenant comprendre le commentaire de Rachi, en réunissant tous les sens vus précédemment (pédagogie des sacrifices, proximité, lien de l’animal à l’homme, sacrifice tant de l’animal que de l’homme): “bête, ‘haya, veut dire la vie ‘hayim, car Israël adhère au Créateur et mérite de vivre ; en conséquence Il l’a séparé des autres nations, lui a prescrit des mitsvotes", etc. Rachi reprend ainsi le commentaire du Middrache Tan’houma qui fait allusion au verset de Dévarim 4, 4 : 
atem haddévaqim baHachém Eloqékhem
("vous qui adhérez à Hachém votre D.ieu)
‘hayim koulekhem hayyom
(vivants vous tous êtes aujourd'hui").

Rachi veut dire par là que le sacrifice comporte deux éléments qu'il nous est difficile de relier: 
1) il est adhésion et rapprochement et proximité ; ce verset de Dévarim 4, 4 est celui que l’homme juif dit chaque matin en tournant sept fois la courroie des téfillines autour de son avant-bras, se rappelant par là l’amour de Hachém dans cet acte qui entoure de très près.

Pour cela, juste après le livre de Job, commence le Chir hachirim, le Cantique des Cantiques
2) pourtant, s'il est adhésion et rapprochement et proximité, il est cependant sacrifice. Le lien du livre de Job et du Chir hachirim est à double sens.

Le sens et le rôle du Sanctuaire
Le Sanctuaire et ce qui s'y déroule sont, justement, au point de jonction de ces deux dimensions inconciliables pour notre regard. Et pourtant, c'est cette jonction qui assure la vie. De façon imagée, nous pourrions dire que ce qu'il y a d'inconciliable et d'incompréhension et de différence dans ce que sont la femme et l'homme, est aussi la source du sentiment de vie et d'amour, et la source la plus matérielle de la vie florissante. Il est possible de vivre dans ce point de jonction double et irréductible. C'est le point de vie.

Le commentaire de Rabbénou Bé’hayé : le huitième jour
Munis progressivement de tous ces outils d'analyse, nous pouvons comprendre maintenant le commentaire de Rabbénou Bé’hayé.
Il s’interroge sur le titre de la paracha, tiré du premier verset :

"Vayéhi ba yom hachémini,
quand on fut au huitième jour".
Il s’agit du huitième jour du mois de Nissane, celui où a été inauguré le Sanctuaire. Expliquons pourquoi il a été inauguré le 8e jour et non pas un autre.
Le chiffre 7 (semaine) est de l’ordre des mitsvotes du shabbat et du yovél et de l’année de chémita, des sept jours de Pessa'h et de la fête de Souccote, et du deuil de 7 jours ou chiveâ ou les 7 jours de fête de la joie du mariage (les chévâ bérakhotes), et tout cet ensemble n’est qu’un seul sujet qui réfère aux sept jours de la Création.
Par contre, le chiffre 8 concerne ici le Cohen Gadol, le Grand Prêtre, qui est au service de Celui qui est au delà de tout cela, et qui est 1 ; et D.ieu Lui seul est 1. Aucun homme n'est D.ieu et ne peut se prendre pour D.ieu dans un délire. C'est pourtant fréquent, mais ce n'est pas Juif. C’est ce UN là qui est concerné par le terme de huitième jour, le 1 au delà du sept qui caractérise au mieux notre monde. 
Ajoutons, à partir de là, que lorsque nous assistons, dans le livre de Vayiqra, à la rénovation de la Création, à la restauration de l’homme dans l’ordre idéal et premier, ce n’est pas seulement une vision humaniste et révolutionnaire qui organise un monde nouveau et meilleur autour d’un système de régulation optimale. Tout ce système ne fonctionne que parce qu’il est orienté vers sa SOURCE qui est au delà de lui ("lé âvodate él é’had vé’hechbone chémona a’har chiveâ, vers le service de El, D.ieu Un, et son nombre est huit après sept").

Le Sanctuaire et l'homme : importance de ces rites régulateurs
Ainsi, le même mouvement qui nous fait passer de la réalité matérielle et laborieuse du sept vers le service de D.ieu Un, cette vectorisation dynamique qui porte l'homme dans la prière et plus encore dans les actes posés dans le Sanctuaire, cela nous enseigne également qu’il y a une source en nous à cette orientation, c’est le cœur, le lév.

  • Sans ces deux pôles, le divin et notre coeur (lév, El), l’organisation du Sanctuaire n’aurait pas de “sens” : si le monde se prive de ce sens bipolaire, tout s’écroule comme le disent sans cesse les prophètes et la Torah. 
  • Bien plus, notre tradition nous a remis les actes historiques nombreux de cette dynamique qui sera ou bénéfique ou catastophique suivant le comportement de l'homme, comme la destruction du Temple l’a prouvé, et comme le prouvent les meilleurs idéaux humains qui, s'ils en restent à l’horizontalité de l’homme, s'effondrent en tragédies destructrices : le libéralisme économique, le laïcisme du matérialisme historique ; il faut en dire autant des idéaux qui construisent sans cesse de nouvelles religions en croyant s'accaparer la Torah, mais chaque fois ils la dépouillent d'une des dimensions de son équilibre complexe pour en faire une voiture belle et idéale mais folle, dépourvue de moteur ou de frein, et qui, au nom du ciel et de l'amour, construit des bûchers, extermine de siècles en siècles, a préparé le cadre idéologique de l'antisémitisme nazi, et pactise toujours avec les nouveaux ennemis d'Israël sous la forme renouvelée de chaque époque, tout en demandant chaque fois hypocritement à l'infini pardon pour les crimes... "passés".
    Nos Sages, par leur modestie, nous supplient d'éviter ces pathologies de la gestion de l'idéal par l'homme. Pour cela, le Temple centré sur la source divine est le lieu de l'ordonnancement juste des pulsions et de l'idéal, de l'individuel et du collectif. Sans ce lieu régulateur, le désastre guette les hommes et pas seulement les Juifs.

    Voilà pourquoi, depuis toujours et plusieurs fois par jour, les Juifs du monde entier se tournent vers ce coeur de tout le judaisme : la montagne du Temple  et récitent plusieurs fois par jour le texte de ces rites régulateurs qui doivent s'y dérouler, le pitoum ha qétoréte et le récit des sacrifices comme dans la prière de chaque matin.
    Quand les nations le comprendront, au lieu de détruire le Temple, puis de l'accaparer pour supprimer cette centrale nécessaire au bien de l'humanité, elles feront comme le sage Roi de la Perse à l'époque : elles donneront l'ordre de rebâtir le Temple pour le bien de tous. Elles auront retrouvé le sens de la fraternité humaine, et comprendront le rôle du peuple juif : un peuple qui a reçu une fonction de service, serviteurs, "Cohanim" pour le bien de toute la Création. Les Juifs oublient souvent ce rôle concernant la Création et l'expriment sur un plan bien plus simpliste et bas: ils courent dans le monde et y font des affaires. Ce n'est qu'un succédanné de cette haute fonction du Cohen. Le monde sent bien qu'il y a quelque chose de particulier dans cette capacité mais que c'est en même temps tordu. Il a raison. La richesse dont les Juifs ont a manifester la présence est celle de la bénédiction créatrice qui régule en bien tout. Que de temps perdu, que de vies se perdent en se trompant dans la qualité seconde, sans comprendre ce qu'elle recouvre.

    Le Temple n'est donc pas une sorte de super-organisation des Nations Unies. Il a ce rôle de régulation parce que le Créateur a choisi  d'en faire le lieu prototypique du projet de Sa Création, un lieu de rencontre du divin et de l'humain dans l'ordre de tous les niveaux, là où il sera possible non seulement de cohabiter entre hommes, mais entre les hommes et leur Créateur dans la paix : 

    "faites-moi un Sanctuaire et Je demeurerai en leur sein",
    âssou li miqdache vé chakhanti bé tokham (Chémote 25, 8).
    Le peuple juif est, par là, le peuple du service et de l'humilité obéissante.
    Lisez ici, pour comprendre comment quelqu'un a bien intégré cela, le psaume 16 du Roi David

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    7 avril 2010

    Cette lunaison est pour vous,tête des lunaisons, la première pour vous des lunaisons de l'année. (Chemote, Exode 12.2)

    De là, nos Sages tirent que Pessa'h et la période qui suit (celle du compte du ômér Pessa'h vimé séfirate haômér) sont la source de tous les mois de l'année (hém choréche lé khol yémote hachana)et, comme le courant ira pendant ces jours et comme on s'y comportera (ouvadérékh ché holékh ba hém) ainsi iront tous les jours de l'année (ba molikhim oto khol yémot ha chana).
    D'où l'importance capitale de cette période.
    Ceux qui connaissent les orientations précises des prières disent que l'intention qui concerne ce compte du ômer précède toutes les autres intentions sur toutes les autres mitsvotes pendant cette période (Naâr ha chalom 33,a).

    Et l'intention principale à développer est celle d'améliorer l'amour (ahava), la fraternité (a'hva), le sens de la bonne relation (réoute) de l'homme envers son proche (ich el rééou). Et spécialement la bonne appréciation, la bienveillance entre tous les membres du peuple juif, entre tous ceux qui vivent dans la Torah et l'étudient, donner de la considération (latéte kavod), se comporter (linehog) en accordant de l'honneur (kavod) l'un envers l'autre (zé la zé), de s'éloigner des disputes (léhitra'heq min ha ma'hloqéte), de la haine (sina), de la jalousie (qina).

    Et de travailler intensément tout cela jusqu'au 33e jour, lag ba ômer, période de base où ces dynamiques négatives sont particulièrement menaçantes et graves dans leurs conséquences. Car les forces négatives puisent leur dynamisme à l'intérieur des forces positives, secret important à connaître!
    Ceux qui penseraient qu'on est là dans des niveaux très simplistes de morale populaire et qui aspireraient à un judaïsme plus cérébral et s'imagineraient pouvoir le trouver dans une qabale ésotérique, je leur remets immédiatement les idées en place car ces termes de base que j'ai cités sont ceux des grands de la qabale elle-même (Ari, zal, Chaar ha cavanotes, 87a). Donc, il est sage de rester à notre niveau et de ne pas nous égarer vers ce qui nous dépasse et serait folie pour nous. Car ces plus grands que nous ne sommes pas, aucun de nous, ne parlent que de ces qualités (middotes) de base pour le travail à réaliser pendant le Ômér dans notre coeur.

    31 mars 2010

    25eme Paracha Tsav

    Les lettres finales des mots qui commencent la paracha (Moché llémor tsav éte) forment le mot Torah pour nous indiquer que c'est cela la Torah de vie.

    le second verset (Vayiqra 6,2) dit : "c'est la ôla qui se consomme sur le brasier toute la nuit jusqu'au matin". Nous remarquons une lettre plus petite que les autres. Après l'étude de la paracha Vayiqra, nous savons qu'il faut donc faire particulèrement attention à cet enseignement. 
    Il répond à notre situation. Nous sommes dans un brasier, brûlés intérieurement en toutes nos fibres par les drames que nous vivons, et cette nuit va durer jusqu'à quel matin ? 

    La paracha présente ces thèmes selon cette succession :
    - tsav, "ordonne".
    - le sacrifice de la ôla (qui veut dire simplement "montée", alors que la traduction habituelle "holo-causte" veut dire en grec "brûlé tout entier"). Mettre l'accent sur ceci ou cela est significatif.
    - le sacrifice de min'ha, l'offrande ou l'oblation.
    - le sacrifice que le Cohen doit apporter lors de sa nomination à la fonction.
    - le sacrifice de 'hatate, ou expiation.
    - le sacrifice de acham, ou culpabilité, traduit parfois "délictif".
    - détail de la procédure de réalisation de la ôla.
    - le sacrifice de reconnaissance ou zéva'h hachélamim, avec sa procédure de réalisation.
    - l'interdiction de manger le 'hélév, sorte de graisse, et le sang.
    - la procédure que doit suivre celui qui apporte un sacrifice.
    - le cérémonial de mise en fonction d'Aharone et de ses fils, les Cohanim.
    - le fait que Aharone et ses fils firent exactement tout ce qui leur avait été ordonné.

    Etude du sens des sacrifices

    Précaution de méthode
    Le thème des sacrifices est un exemple typique des erreurs que nous pouvons faire dans l'étude si nous n'étudions pas avec les maîtres de la tradition. En effet, il est aisé -sans rien savoir des sacrifices- de projeter des idées préconçues face à ce qui pourrait sembler des rites archaïques. Cela, partant d'une bonne intention, ne ferait que traduire notre ignorance et notre légèreté de jugement.
    L'étude de la Torah exige de nous une réflexion mais basée sur une réception de ce que la tradition enseigne et donne, comme cela a été donné au Sinaï.

    La signification du sacrifice
    Relions le commentaire à celui de la section suivante car toutes les parachiotes du Vayiqra ne constituent qu’un seul sujet, celui des Cohanim, les prêtres (et également les Léviim). Cela veut dire que les sacrifices sont à comprendre dans l'axe de l'amélioration du peuple et du monde, rôle qu'ont les prêtres et le peuple juif qui est Cohen pour les nations.
    Pour ce motif tout ce livre est qualifié de la même expression : "Torate Cohanim", Torah des   Cohanim, enseignement concernant les prêtres. 
    Si nous plaçons le sens de chaque pratique décrite dans cet ensemble où les Cohanim,prêtres, jouent un rôle dans le peuple et dans toute la Création, alors notre compréhension s’éclairera, puis notre coeur se posera de multiples questions. 

    Nous allons étudier quelques explications données par la tradition et résumées par le Chla sur ces sacrifices :

    1. Maïmonide (R. Moché ben Maïmone, 1135-1204) souligne le fait que les différents peuples offrent des sacrifices et il attribue la pratique à la lutte contre l'idôlatrie. Et, celle-ci ayant disparu, ils n'auraient plus de fonction. Cette position, isolée dans le judaïsme, a reçu l'opposition unanime des tossafistes et de la majorité des commentateurs. Nous verrons que de nombreuses autres fonctions des sacrifices sont à prendre en considération de façon obligatoire comme le signifie le mot hébraïque qorbane.

    2. le Rambane (R. Moché ben Na'hmane, 1194-1270), dans son commentaire sur Vayiqra 1, 9, s'oppose à la conception précédente et ne trouve pas cette explication suffisante :

    3. Il insiste sur la prise en charge et la correction de nos fautes par tel ou tel type de sacrifices car ils concernent trois dimensions : la pensée, la parole et l'action.

    4. Il insiste aussi sur le rôle préventif du sacrifice car tout le peuple n'a pas commis les fautes dont il s'agit.

    5. L'animal sacrifié serait aussi un substitut (témoura) et représentant ('halfine) de l'homme pécheur.

    6. Cet acte permettrait la prise de conscience éducative, comme le lit Ribbi Ména'hem Récanati (fin du 13e siècle, important commentateur cabaliste) en Vayiqra 2, 1 : vénéféche ki taqriv korbane, "quand une personne se sacrifie comme offrande". Par ce substitut, la volonté "inférieure" de l'homme se hausse au niveau de la volonté plus élevée, celle de D.ieu.

    7. Le sacrifice est appelé min'ha (oblation) parce qu'il constitue une ana'ha (jeu de mots sur les lettres du mot par permutation): c'est-à-dire une remise ou réduction de la peine.

    8. L'animal désigné a une particularité spécifique qui joue un rôle précis pour tel type de sacrifice et, donc, il ne peut pas être remplacé par un autre, de même que le peuple juif ne peut être remplacé par un autre, de même que seul le Nom de quatre lettres est utilisé dans tout ce passage et non pas les autres noms de Dieu, pour bien marquer qu'il y a une dynamique particulière, comme l'indiquent R. Chimeône ben Azzai et le Rambane.

    9. Le saint Zohar montre que les sacrifices accomplissent une unification et une complétude du Nom de D.ieu et le sacrifice devient alors une odeur agréable, réà'h nihoa'h.

    10. Ribbi Ména'hem Récanati développe aussi le fait que les sacrifices peuvent être mis en parallèle avec les animaux de la vision d'Ezéchiel. Cela veut nous dire que ce que nous faisons ici-bas doit toujours être compris comme une réplique des dynamiques élevées et c'est pour cela que toute action doit être accompagnée de prière (Traité Bérakhote, page 14).

    11. Les sacrifices comportent aussi les quatre éléments de la nature pour l'assumer totalement dans le processus d'élévation.

    12. Des significations différentes viennent aussi du fait que certains sacrifices sont consommés par l'autel, d'autres par le Cohen, d'autres par le propriétaire de l'animal ; le fait que l'animal doit être mâle ou femelle entraîne également des significations particulières. (Demander à votre rabbin dans quel livre étudier ces commentaires).
    Ainsi, des sacrifices concernent ainsi les fautes involontaires ('hét) ou les fautes qui auraient relevé de la coupure totale de la communauté (karéte) au contraire des sacrifices de acham. 

    13. L'intentionnalité de la faute est un point très sensible dans le choix du sacrifice. Pour cela, l'intention et la conscience de l'acte chez l'offrant et le prêtre sont indispensables. C'est un acte d'un haut niveau d'intériorité et non un acte brut.

    14. Dans le livre le Kouzari, Ribbi Yéhouda Halévi (1075-1141) essaye de démontrer à des philosophes non-juifs comment le sacrifice dont le nom signifie "rapprochement", peut exercer cette fonction de rapprochement avec le Créateur. De même que le corps a besoin de nourriture, ainsi l'âme a besoin du corps pour se renforcer ou pour renforcer son union au corps et l'élever au niveau le plus élevé qu'est la néchama, l'âme.

    (Lettre autographe de R. Yéhouda Hallévi, en arabe). de la Guéniza du Caire.

    15. Maintenant que le Temple n'existe pas, c'est la table qui remplace l'autel et, lors de la prière, c'est l'action de nos lèvres et notre intention ; car la prière est appelée âvoda, travail laborieux, travail du serviteur.

    16. Des niveaux plus complexes dans l'étude montrent que certains sacrifices sont aussi référés plus spécialement aux personnages de Adam, Noé, Avraham, Moché, Aharone, etc.
     

    Le rapprochement et l'intention
    Cela nous montre que l'importance du sacrifice et des prescriptions,
    vient de trois caractéristiques : l'orientation, le rapprochement et la destination de l'acte ; c'est le passage de l'intériorité à l'extériorité, c'est cela qu'indique le mot qorbane, rapprochement. Il est très important de parvenir à ôter de l'esprit le mot "sacrifice" lié dans le langage contemporain aux sens de boucherie, écrasement, briser sa vie pour une cause inutile et d'adopter simplement le mot qorbane, qui se traduirait exactement par "rapprocheur".
    En effet, au sens français de sacrifier,  "sacrifice" ne se dirait pas qorbane en hébreu mais zéva'h.
    Pour cela, la préposition hébraïque qui signifie "vers" accompagne souvent le mot qorbane, rapprochement (qorbane laChém "rapprochement vers Hachém" ; le concept de "parfum d'agréable odeur" (réà'h ni'hoa'h) traduit aussi cette insistance de mouvement intérieur "vers" le destinataire. 
    Libre à celui qui, pour ne pas s'assumer dans toutes ses tendances profondes et pour ne pas répondre à la proposition d'élévation exigeante, joue d'un artifice mental de "dénégation" qui consiste à nier ce qui constitue vraiment le qorbane, rapprochement  :
    - pour dire qu'il ne voit dans le sacrifice que boucherie, cruauté et qui se bouche l'horizon de l'intention,
    - pour veiller à éteindre le mouvement du cœur, comme celui qui offrirait un cadeau ou un bouquet, et ne verrait que le rite obligatoire et l'objet ; il sera bien en contradiction avec lui-même car il parlerait, par ailleurs, du plaisir de manger ensemble pour exprimer sa joie vraie et intérieure envers un ami.

    L'enjeu de développement personnel et collectif
    Ce qui compte c'est l'élan, le mouvement, la montée, le rapprochement, le sens-direction; et l'élévation jusqu'au parfum agréable qui imprègne celui qui reçoit : ainsi, le Cantique des Cantiques se termine par le mot "parfums" (bessamim).
    Que ce mouvement commence dans la réalité la plus animale et la plus brute pour être le lieu de cet enjeu, permet ainsi d'assumer tous les niveaux de la réalité sans concession.

    Il s'ensuit, bien entendu, une conséquence importante : le sacrifice est un prototype éducatif du passage de notre matérialité, de nos biens et de nos brutalités, à la qualité des gestes dans l'intention du cœur et jusqu'à la rencontre intime avec le destinataire ; c'est un don complet, et cela doit s'exprimer dans toutes nos actions les plus quotidiennes. 

    La méticulosité avec laquelle la Torah décrit toutes les sortes de sacrifices ou toutes les sortes d'espèces permises ou non à la consommation, en plus du sens réel de cela qui nous est fermé, a pour but de nous inciter à prêter attention à la moindre de nos actions car elle peut si rapidement se vider de son sens, ou au contraire parvenir à rester reliée à notre cœur et au cœur du destinataire. 

    Le qorbane, rapprochement, apporte aussi un élément de réalité pour ne pas "se raconter des histoires" dans la pratique religieuse, car il est réaliste, réel, coûte très cher et il est à fonds perdus. Nous pourrons alors ressentir, comme dit le Talmud, que "D.ieu veut le coeur". En effet, rien ne touche plus la majorité des hommes que leur argent. Le Talmud dit que certains, même au seuil de leur mort, ne pensent encore qu'à l'argent avant toute chose.

    Ainsi, par le lien de tout notre être au projet du Créateur et aux niveaux divins des bénédictions,  nos actions seront-elles davantage à l'image des dynamiques optimales qui se déroulent dans le monde d'En-haut et dont nous sommes participants par notre néchama qui est totalement pure.

    Souhaitons donc que Jérusalem soit vite rebâtie et habitée comme foyer où la Torah puisse se vivre ensemble, dans la connaissance, dans la vie et dans ce qui s'ensuira, l'usage du lieu qui est le laboratoire et l'instrument de ce fonctionnement : le sanctuaire sur la montagne (har habbaïte, la montagne de Sa maison) vers lequel sont dirigées chaque jour et depuis toujours toutes les prières de tous les Juifs du monde entier. Pour le bonheur et la bénédiction de tous les peuples et de la Création.

    Tout le parcours de l'emprise de l'Egypte sur les Hébreux jusqu'à la libération puis la réception de la Torah, la promesse de l'étudier et de la vivre à Jérusalem est ce parcours qui sera dit au cours de la soirée du Pessa'h ; le sacrifice évoqué devra ainsi assumer tout notre être et toute notre histoire, et tous ensemble pour parvenir à ne plus dire : "demain, demain, l'an prochain à Jérusalem" comme pendant des siècles mais "bientôt à Jérusalem". Amen kén yéhi ratsone.

    Aujourd'hui, hélas, le Temple est détruit, cette fonction essentielle du rapprochement enseigné dans la Torah et dans la fonction du peuple juif ne peut pas se réaliser ; les espaces sacrés de rassemblement du peuple et les espaces réservés aux Cohanim sont occupés. Nous les avions reçus miraculeusement lors de la victoire d'une guerre imposée par des ennemis, le droit international nous permettait alors de les garder. Il s'est fait que nos responsables des valeureux combattants et les dirigeants n'étaient pas instruits de l'importance de ces lieux et, à la surprise des ennemis, nous leur avons remis les clefs et l'occupation de ces lieux dont nous ne savions que faire. Cela exprime simplement l'état de notre peuple, et surtout de ses politiciens, dans sa rentrée progressive dans tout l'héritage et, donc,  le temps n'était pas encore arrivé.

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